Richard Saint Guilhem : 300 000 logements sociaux qui sont des passoires thermiques en France

Richard Saint Guilhem : 300 000 logements sociaux qui sont des passoires thermiques en France

La rénovation énergétique des logements est un enjeu majeur pour la transition écologique et la lutte contre le changement climatique. Selon une étude de l’Agence nationale de contrôle du logement social (Ancols) publiée le 5 décembre 2023, environ 300 000 logements sociaux, soit 6% du parc social, sont classés comme des passoires thermiques, c’est-à-dire ayant une étiquette énergétique F ou G.

Ces logements sont les plus énergivores et les moins confortables pour leurs occupants, qui subissent des factures de chauffage élevées et des risques de précarité énergétique, note Richard Saint Guilhem. Quelles sont les causes de cette situation et quelles sont les solutions pour y remédier ?

Richard Saint Guilhem présente les causes des passoires thermiques dans le parc social

Plusieurs facteurs peuvent expliquer la présence de passoires thermiques dans le parc social. Parmi eux, on peut citer :

  • L’ancienneté des logements : les logements sociaux construits avant 1975, date de la première réglementation thermique, sont souvent mal isolés et équipés de systèmes de chauffage peu performants. Selon l’Ancols, 40% du parc social date d’avant 1975.
  • La taille des logements : les petits logements (T1) sont plus nombreux à être des passoires thermiques (8%) que les grands (T4 et plus, 4%), car la méthode de calcul des diagnostics de performance énergétique (DPE) pénalise les petites surfaces.
  • Le type de logements : les logements individuels, peu courants dans le parc social (8%), sont aussi plus concernés (11%) que les logements collectifs (6%), car ils sont plus exposés aux déperditions de chaleur par les murs, le toit ou le sol.
  • La localisation géographique : les passoires thermiques sont nettement plus rares dans les départements du sud et de l’ouest de la France, où le climat est plus doux et où les logements sociaux sont en moyenne plus récents, explique Richard Saint Guilhem. A l’inverse, ils sont plus fréquents dans les régions froides ou montagneuses, où le besoin de chauffage est plus important.

Voici une vidéo relatant ces faits :

Les conséquences des passoires thermiques dans le parc social

Les passoires thermiques dans le parc social ont des conséquences négatives à la fois pour les locataires, pour les bailleurs sociaux et pour l’environnement. Parmi elles, on peut mentionner :

  • Le mal-être des locataires : les passoires thermiques sont sources d’inconfort thermique, d’humidité, de moisissures, voire de pathologies respiratoires ou allergiques. Elles peuvent aussi entraîner un sentiment d’exclusion sociale ou de stigmatisation pour les habitants de ces logements.
  • La précarité énergétique des locataires : les passoires thermiques engendrent des dépenses énergétiques excessives pour les ménages modestes qui y vivent. Selon l’Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE), 28% des ménages du parc social sont en situation de précarité énergétique, c’est-à-dire qu’ils consacrent plus de 10% de leurs revenus à leurs dépenses d’énergie.
  • Le manque à gagner pour les bailleurs sociaux : les passoires thermiques représentent un coût financier pour les bailleurs sociaux, qui doivent assurer l’entretien et la réparation des équipements vétustes, voire faire face à des impayés de loyers ou à des vacances locatives, indique Richard Saint Guilhem. Par ailleurs, ils risquent de perdre des recettes locatives si ces logements deviennent invendables ou inlouables à cause de la réglementation.
  • L’impact environnemental : les passoires thermiques contribuent au réchauffement climatique, en émettant des gaz à effet de serre liés à la consommation d’énergie fossile. Selon l’Ademe, le secteur résidentiel représente 19% des émissions de CO2 en France, dont 12% pour le chauffage.

Les solutions pour rénover les passoires thermiques dans le parc social

Face à ce constat alarmant, il est urgent d’agir pour rénover les passoires thermiques dans le parc social. Plusieurs leviers peuvent être mobilisés pour y parvenir :

  • La réglementation : la loi Climat et résilience de 2021 prévoit d’interdire la mise ou remise en location des logements les plus énergivores : ceux étiquetés G à partir de 2025, puis les F en 2028 et les E en 2034. Cette mesure vise à inciter les bailleurs sociaux à rénover leur parc, sous peine de sanctions financières ou administratives.
  • Le financement : la rénovation énergétique des logements sociaux nécessite des investissements importants, estimés à 20 milliards d’euros sur 10 ans par l’Union sociale pour l’habitat (USH), qui représente les bailleurs sociaux. Pour les soutenir, plusieurs dispositifs existent, tels que le fonds national d’aide à la rénovation thermique des logements sociaux (FART), le programme Habiter mieux de l’Anah, ou encore les certificats d’économie d’énergie (CEE).
  • L’accompagnement : la rénovation énergétique des logements sociaux implique une concertation et une implication des locataires, qui doivent accepter les travaux, en comprendre les bénéfices et adopter des comportements éco-responsables. Pour les aider, des actions de sensibilisation, de formation ou de médiation peuvent être mises en place par les bailleurs sociaux ou par des structures spécialisées, estime Richard Saint Guilhem.

Selon Richard Saint Guilhem, les passoires thermiques dans le parc social sont un problème majeur, qui affecte la qualité de vie des locataires, la rentabilité des bailleurs sociaux et la préservation de l’environnement. Pour y remédier, il est indispensable de mettre en œuvre une politique ambitieuse et coordonnée de rénovation énergétique, qui mobilise tous les acteurs concernés : l’État, les collectivités territoriales, les bailleurs sociaux, les locataires et les professionnels du bâtiment. Ainsi, il sera possible de garantir un logement décent, abordable et durable à tous les citoyens.

Louis Daniel